Là où chantent les écrevisses, de Delia Owens
J’ai mis du temps à me décider à
lire ce livre dont le titre étrange ne m’attirait absolument pas. Et pourtant,
je serai passée à côté d’un excellent roman.
Pour ceux qui recherchent du suspense du début à la fin, je
pense que vous serez déçus car malgré l’enquête de police et l’ambiance
mystérieuse qui imprègne l’intrigue, ce n’est pas un thriller à proprement dit.
Je le classerai davantage dans les romans initiatiques.
La jeune Kia, de son vrai nom Catherine,
vit dans une cabane au cœur des marais de Barkley Cove, en Caroline du Nord.
Son père, un ancien soldat, porté sur la bouteille et violent à l’occasion, fera
de son enfance un désastre. À cause de lui, sa mère se sauve alors qu’elle n’a
que 7 ans ainsi que ses frères et sœurs, les uns après les autres. Kia est une
petite fille courageuse et elle tente, malgré son jeune âge, de vivre seule
avec ce père mutique et difficile. Elle réussira même la prouesse de s’entendre
avec lui, mais cette relation filiale sera de courte durée. Il s’enfuira à son
tour…
Après un bref passage à l’école
où, victime de moqueries, elle refusera de retourner, Kia est livrée à
elle-même dans ce marais qu’elle connaît comme sa poche. Chaque recoin, chaque
coquillage ou oiseau est sujet à contemplation et poésie. C’est grâce à cette
faune sauvage, à sa détermination et son optimisme qu’elle survivra. Mais aussi
grâce à la présence de Tate, un jeune voisin, passionné comme elle par le
marais. Elle croit l’aimer quand il disparaît à son tour pour ses études à l’université.
Elle se console dans les bras d’un autre, un jeune homme du village qui va lui
promettre mont et merveille et encore une fois la trahir…
Cette fois-ci, Kia se laissera-t-elle
faire sans réagir ?
Ce roman est magnifiquement écrit,
l’intrigue nous emmène, l’air de rien, loin de notre réalité pour nous plonger
dans ce marais inquiétant et pourtant magnifique. L’auteur sait en retranscrire
toute la poésie et l’on s’attache irrémédiablement à Kia, surnommée « la
fille des marais » par les habitants du village. On frisonne avec elle, on
aime, on pleure, on regarde la nature inquiétante et empreinte d’une grâce
étonnante sous la plume de l’auteur. Ce livre est un régal et d’une beauté à
couper le souffle, comme un arc-en-ciel après un orage, on s’attriste de la
voir disparaître, mais il nous reste tout de même de jolies images, de belles
couleurs au fond de nos pupilles et de nos têtes...